Neisi Dajomes, la force d’un rêve

Article : Neisi Dajomes, la force d’un rêve
Crédit: Dajomés
17 juillet 2024

Neisi Dajomes, la force d’un rêve

Neisi Dajomes est la première femme équatorienne à gagner une médaille d’or olympique. L’haltérophile, couronnée en 2021 à Tokyo, a eu la chance d’être le porte-drapeau de l’équateur lors de la cérémonie d’ouverture. Retour sur son parcours aux multiples difficultés…

Elle a 26 ans et est née dans la ville de Puyo en Amazonie équatorienne. Elle vient d’une fratrie de 5 enfants de parents réfugiés colombiens qui ont fui le conflit armé. Depuis l’enfance, Neisi marche avec détermination et courage pour atteindre son rêve. Celui de devenir une championne mondiale en haltérophilie.

Portrait de Neisi Dajomes / Crédit : Wikicommons

Une discipline méconnue

Faisons une parenthèse sur cette discipline. L’haltérophilie est un sport qui consiste à soulever des poids au-dessus de sa tête. Il y a deux types de mouvement qui sont évalués pour cette discipline. L’arraché ou l’athlète doit soulever la barre en un seul mouvement au-dessus de la tête. Et l’épaule-jeté, ou l’athlète doit soulever la barre en deux temps jusqu’aux épaules puis au-dessus de la tête. Il y a trois essais à chaque fois. 

Cette discipline est ancienne et fait partie des Jeux Olympiques depuis l’édition de 1896. Cependant, les femmes y ont participé pour la première fois que lors de l’édition de 2000.

Mais revenons à l’histoire de notre protagoniste. Ce sport est arrivé en Équateur grâce à l’athlète Gustavo LLerena dans les années 1950. Il travaillait comme cheminot et faisait partie du club sportif de son entreprise ou il découvrit l’haltérophilie dans des magasins sportifs étrangers apportés par ces patrons. Il commence à s’entraîner de façon autodidacte et enseigne cette discipline à ses trois fils : Gustavo, José et Walter. 

Llerena et Dajomes, destin croisé

Cette genèse équatorienne est reliée à l’histoire de Neisi Dajomes. Suite à un incident politique, Gustavo et sa famille déménagent dans la ville de Shell en Amazonie. Là-bas , il inaugure le premier gymnase de levée de poids en Amazonie. Neisi est encore enfant quand elle se fait remarquer par les entraîneurs du gymnase. Son grand frère Javier y entraine. Il est une inspiration pour toute la fratrie qui suivra ces pas dans cette discipline. Neisi commence en soulevant un bâton de balais puis 11 kg à l’âge de 11 ans. William, entraîneur et fils de Gustavo, remarque Neisi et Angie, sa petite sœur.

Que tu deviennes ce que tu deviennes dans la vie, ne perd jamais l’humilité, n’oublie jamais d’où tu viens, où tu es née et comment t’as grandi

Neisi Dajomes

Il sera leur entraîneur privilégié. Elles iront même habiter un temps chez William et sa famille afin de mener un entraînement rigoureux. Neisi est trois fois championne mondiale junior en levée de poids. Et depuis, elle avance avec la force d’une guerrière et n’oublie pas de reconnaître et de remercier le chemin parcouru comme elle le dira dans plusieurs interviews.

Adulte, elle devient quatre fois championne panaméricaine. Et en 2020, lors des Jeux Olympiques de Tokyo, elle gagne la médaille d’or en haltérophilie en catégorie 76 kg. Actuellement, elle se trouve à Paris car elle a été nommée porte-drapeau par la délégation équatorienne aux Jeux olympiques de 2024. Elle est située en catégorie 81 kg. 

Un parcours semé d’embûches

Dans sa carrière d’athlète, elle a dû batailler non seulement pour aller de l’avant dans un contexte économique précaire, mais également pour faire face aux stéréotypes de genre. Son amie et entraîneuse, Mayra Hoyos Vélez, raconte que la première fois qu’elle l’a aperçu au gymnase avec son frère, Neisi avait 10 ans : “Elle s’est entraînée deux jours et n’est pas revenue à cause des commentaires machistes”. Ces commentaires disent que l’haltérophilie est un sport d’homme et qu’il change le corps de la femme de façon inadéquate, lui attribuant trop de muscles et de formes non conformes au modèle féminin. Mayra était élève de Gustavo Llerena. Elle est une des premières femmes d’Equateur à pratiquer cette discipline. Elle avait 14 ans quand elle a participé à sa première compétition d’haltérophilie. Passionnée, elle souhaite que cette discipline accueille plus d’athlètes féminines et revendique avec fierté être amie et entraîneuse de Neisi Dajomes.

À REGARDER

Court métrage animé sur la vie de Neisi

La vie de cette Neisi nous rappelle l’importance de lutter pour ces rêves par-delà toute difficulté. Son parcours a été documenté depuis 2015 par Daniel Yépez qui a réalisé le film Neisi: La force d’un rêve produit par Irina López et sorti en 2023. Neisi avance avec détermination et avec la mentalité d’une championne brillante et insatiable. Dans une autre interview, elle répondra à la question “Qui est ton plus grand rival ? : pour moi, mon plus grand rival a toujours été moi-même”.

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